Lors de nos consultations en comportement canin à l’hôpital, l’un des commentaires les plus fréquents est celui-ci : il existe une profusion d’informations contradictoires sur le comportement animal, ce qui rend difficile de savoir à qui se fier et quels conseils suivre. Internet regorge en effet de ressources variées : recettes de tarte aux pommes, memes, vidéos de chats comiques, et bien sûr, conseils sur l’éducation canine. Notre meilleur guide dans ce dédale d’informations reste notre esprit critique, mais le défi s’accroît à mesure que de plus en plus de personnes se présentent comme experts en toutes choses. Sur les réseaux sociaux, chacun a désormais son avis sur chaque sujet, ce qui peut influencer notre perception, particulièrement en matière d’éducation canine.
Le métier d’intervenant en comportement canin gagne en popularité. Après tout, c’est l’un des plus beaux métiers du monde ! (Mais je suis un peu biaisée😉). Malheureusement, ce n’est pas un métier réglementé par le gouvernement du Québec. En d’autres termes, il n’est pas nécessaire d’avoir une formation en comportement pour offrir des conseils et vendre des services d’éducation canine. Il n’est surtout pas obligatoire d’avoir une autorisation spécifique pour offrir des conseils en ligne. Contrairement aux vétérinaires, les intervenants en comportement canin n’ont pas d’ordre professionnel pour protéger le public, bien que nous ayons un regroupement (j’y reviendrai plus tard).
Maintenant, je vous présente mes meilleurs conseils pour identifier un intervenant en comportement canin de qualité qui utilise des méthodes scientifiquement validées. Cela va bien au-delà de simplement « donner des bonbons ». Il nécessite une excellente compréhension des théories de l’apprentissage telles que le conditionnement opérant et le conditionnement classique pour intervenir efficacement auprès d’un chien et de sa famille. Je reviendrai sur ces deux éléments dans un prochain article. En attendant, c’est parti pour trois drapeaux verts en matière d’éducation canine !
Drapeau vert numéro 1 : aucune garantie de résultat
Lorsque vous venez à l’hôpital vétérinaire pour un problème de santé ou une intervention chirurgicale, avez-vous déjà entendu une technicienne en santé animale, un vétérinaire ou un membre de l’équipe vous dire : « Il n’y a aucun risque, tout va guérir, je vous le garantis » ? La réponse est non, et il y a une raison simple à cela : on ne peut jamais garantir des résultats avec des êtres vivants. La médecine, tout comme la psychologie animale, partage cette même complexité : nous travaillons avec des individus ayant chacun leur propre manière de réagir aux traitements. Un chien X peut bien réagir à un médicament donné tandis que le chien Y ne le tolère pas du tout. Les études et la science nous apportent une bonne prévisibilité des résultats, mais aucune garantie absolue. Si un éducateur canin promet des résultats garantis, il faut être très prudent quant à ses méthodes et recommandations. Est-ce que je peux garantir que je vais apprendre à votre chien à s’asseoir en quelques étapes simples ? Non, même si mon protocole est souvent efficace, je ne peux pas garantir que cela fonctionnera parfaitement pour votre chien en particulier. Un bon éducateur canin reconnaît la complexité de la psychologie animale et des individualités. C’est un signe positif s’il est ouvert à l’amélioration continue de ses techniques.
Drapeau vert numéro 2 : formation continue
Pour offrir un service de qualité basé sur les avancées scientifiques, il est essentiel de se tenir informé et de suivre une formation continue. Si je peux me permettre un exemple personnel, en 12 ans de carrière dans le domaine animalier, mes protocoles d’intervention ont énormément évolué. J’ai commencé avec des techniques aversives (utilisant la peur et la douleur), mais mon approche a heureusement évolué avec le temps vers des méthodes éthiques. Même après ce changement, mes interventions et protocoles continuent de se transformer grâce aux nouvelles informations présentées lors de symposiums et congrès annuels. De nombreux éthologues, neuroscientifiques et vétérinaires contribuent activement à ces avancées, et il est crucial pour un intervenant en comportement canin de suivre ces développements scientifiques. Comment savoir si quelqu’un suit une formation continue ? Si cette information n’est pas publiquement disponible sur son site web, il existe d’autres moyens pour le vérifier :
- Appartenance au RQIEC (Regroupement québécois des intervenants en éducation canine) : bien que les intervenants au Québec ne soient pas réglementés par un ordre professionnel, le RQIEC offre une certification après un examen de compétences et la validation d’un nombre d’heures de formation continue annuelle. Les membres doivent également respecter un code de déontologie pour maintenir leur affiliation.
- Demander directement à l’intervenant. Il existe de nombreux professionnels de qualité qui ne sont pas membres du regroupement !
Drapeau vert numéro 3 : confort et cohérence avec les techniques proposées
Certains de nos clients nous rapportent avoir déjà consulté d’autres intervenants en comportement canin par le passé (ce qui est positif). Cependant, lorsqu’on leur demande quelles techniques ont été utilisées pour améliorer le comportement de leur chien, certains propriétaires ont exprimé leur malaise face à des exercices jamais pratiqués auparavant, tels que lancer des objets près du chien, crier, utiliser la laisse de manière coercitive, ou forcer le chien sur le dos. Si vous vous sentez mal à l’aise avec le plan proposé par un intervenant et qu’aucune alternative n’est envisagée, c’est un signal d’alerte. De plus, les éducateurs canins ne devraient pas vous faire sentir coupable ou mal à l’aise vis-à-vis du comportement de votre chien. Un bon intervenant utilisant des méthodes éthiques doit faire preuve d’empathie à la fois envers le chien et son propriétaire.
Voilà, vous connaissez désormais mes conseils pour choisir un intervenant en comportement canin qui correspond à vos valeurs ! Parlant de valeurs, saviez-vous que l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec a émis en 2016 un communiqué officiel recommandant de proscrire les méthodes coercitives pour la santé publique et le bien-être animal ? Je reviendrai sur ce sujet dans mon prochain article, où je discuterai des effets de la punition sur le chien. À bientôt !
Aryel Lafleur, technicienne en santé animale et intervenante en comportement canin.