La rage, un fléau encore bien présent
Un nouvel avertissement du Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), le 14 juin 2023, nous rappelle l’importance de la surveillance et de la prévention d’une maladie mortelle qui peut nous sembler si loin ou encore faire partie de notre imaginaire, alors qu’elle demeure bien présente et surtout, elle est un réel fléau ailleurs dans le monde.
Voici quelques éléments d’information sur la rage
Qu’est-ce que la rage?
Il s’agit d’une zoonose mortelle causée par un virus qui s’attaque au système nerveux des mammifères. La transmission se fait principalement lors d’une morsure (contact direct salive-plaie), mais elle peut se faire par l’entremise de toute plaie cutanée ou d’une muqueuse en contact avec de la salive ou du liquide céphalo-rachidien contaminé.
Au Canada, les principaux animaux vecteurs sont les chauves-souris, les mouffettes, le raton-laveur et les renards. Nous voyons de plus en plus d’animaux sauvages dans nos villes, ratons-laveurs, mouffettes et même coyotes!
Les animaux domestiques (chiens, bétail, chevaux, etc.) demeurent également à risque comme source potentielle de transmission.
Que faire en cas de morsure et les symptômes à surveiller?
La première chose à faire, ce qui est vrai en fait pour toute morsure, est de laver abondamment la plaie avec de l’eau et du savon pendant 10 à 15 minutes.
Lorsqu’un humain est en cause, il faut contacter rapidement Info-Santé (811) qui vous guidera sur la marche à suivre.
Lorsqu’il s’agit d’un animal domestique, vous devez prendre contact avec le MAPAQ (1 844 ANIMAUX (2646289)). Votre médecin vétérinaire pourra également vous aider afin de déterminer les étapes à suivre selon le statut vaccinal de l’animal mordeur et l’animal mordu (vaccination, isolement et observation, euthanasie).
Si vous avez des doutes en ce qui concerne l’état de santé d’un animal sauvage, il faut alors contacter le MELCCFP en composant le 1 877 346‐6763 ou au moyen du formulaire accessible à la page « Opérations de surveillance et de contrôle de la rage du raton laveur » du site Québec.ca/rageduratonlaveur.
Symptômes
On reconnait typiquement deux formes de rage : la forme furieuse et la forme paralytique. Il s’agit en fait de changements de comportement notables. L’animal devient soudainement agressif ou il semble anormalement apathique ou docile (paralysie progressive).
À surveiller :
- un changement de comportement (ex. : perte de la crainte des étrangers, agressivité inhabituelle, léthargie soudaine et inexplicable);
- une faiblesse ou une paralysie des membres postérieurs;
- une démarche chancelante;
- une salivation excessive;
- des morsures répétitives et inexplicables (ex. : l’animal mord ses propres membres ou divers objets);
- des vocalisations inhabituelles;
Il faut se souvenir que la condition de l’animal rabique se dégrade rapidement et entraîne la mort en quelques jours. Ainsi, des signes cliniques présents depuis plus de 10 jours ne peuvent être causés par la rage.
Situation au Canada et ailleurs
Il y a eu 136 cas de rage rapportés au Canada en 2022 (animaux de la faune et animaux domestique) et 35 cas de janvier à mai 2023. Par ordre d’importance en 2022, nous retrouvions 56 chauve-souris 28 moufettes, 15 renards roux et 10 chiens…
Le dernier décès lié à la rage chez l’humain survenu au Québec remonte à l’automne 2000. Il s’agissait malheureusement d’un enfant qui avait été mordu par une chauve-souris. C’était le 1er cas humain de rage dans la province depuis les années 60.
Ailleurs dans le monde, l’Organisation mondiale de la santé (OMS), responsable de la surveillance de la rage, fait état de plus de 150 pays et territoires touchés. La rage tue des dizaines de milliers de personnes chaque année, principalement en Asie et en Afrique, dont 40 % sont des enfants de moins de 15 ans. Dans ces pays, les chiens sont principalement à l’origine des cas mortels de rage humaine et représentent jusqu’à 99 % des cas de transmission aux humains.
D’où la tenue à chaque année de la Journée mondiale contre la rage, le 28 septembre (date anniversaire de la mort de Louis Pasteur) depuis 2007. L’objectif que se donne l’organisation responsable de cette journée est d’éliminer tous les cas de rage transmises par les chiens aux humains d’ici 2030.
Prévention
Grâce à Louis Pasteur, nous avons depuis 1885 un vaccin permettant de prévenir la rage. Il s’agit de la méthode la plus efficace pour éviter la maladie.
Le vaccin peut être donné aux humains et aux animaux domestiques de façon préventive ou sous forme de prévention après une exposition à risque (PPE) selon un protocole établi.
Pendant quelques années, l’épandage d’appâts vaccinaux pour les animaux sauvages ont également été utilisés en Estrie et en Montérégie, notamment afin réduire l’incidence de la rage dans ces régions, en provenance des États-Unis.
Considérant le risque mortel de la rage, vaut mieux prévenir que guérir!
Qu’est-ce que la vaccination contre la rage
Le protocole établi pour les animaux de compagnie consiste à une première vaccination après 12 semaines, suivie d’un rappel un an plus tard et ensuite aux trois ans, depuis l’homologation acquise pour la durée de trois ans. Les réactions post-vaccinales sont rares
Si malheureusement le délai d’une dose de rappel est dépassé, il est recommandé de reprendre la séquence de rappel à un an intervalle et ensuite revenir au rappel de trois ans.
Bien que la vaccination contre la rage soit très efficace, il faut aussi garder en tête l’aspect réglementaire concernant l’immunité contre la rage qui est imposé par diverses juridictions où vous prévoyez vous rendre en compagnie de votre animal. Ainsi, il est recommandé de vérifier les exigences des pays ou des états (certaines règles varient entre les états américains) que vous souhaitez visiter, afin d’éviter les mauvaises surprises aux douanes!
Plusieurs pays exigent de fournir un document établissant l’état de santé de votre animal ainsi que son statut vaccinal. La vaccination contre la rage est l’un des critères important vous permettant de voyager avec votre animal de compagnie. Votre médecin vétérinaire pourra vous aider à compléter le document que vous aurez récupérer auprès des autorités compétentes.
Situation de morsure – Que se passe-t-il pour mon compagnon?
Il existe des différences importantes dans l’approche à suivre lorsqu’un animal domestique est mordu selon qu’il soit vacciné ou s’il n’est pas vacciné. Si la morsure provient d’un animal sauvage, particulièrement ceux à risque pour la rage (chauve-souris, ratons-laveurs, mouffettes et renard), la plus grande prudence sera de mise pour la suite.
Si notre animal n’est pas vacciné, il pourrait être soumis à une séquence de trois vaccinations contre la rage s’étalant sur 8 semaines avec une période d’isolation de 3 mois, plutôt que 45 jours pour un animal vacciné recevant la dose de rappel dans les 7 jours suivant la morsure. Si cette option n’est pas possible, l’animal devra être mis en observation et en isolement pour 6 mois. Pour un animal vacciné, l’isolement sera de 3 mois. L’isolement implique que notre animal ne peut avoir aucun contact autre que son propriétaire!
Malheureusement, l’euthanasie peut aussi être une option choisie. Si tel est le cas, la dépouille sera conservée advenant la nécessité d’une enquête épidémiologique déterminée par les autorités compétentes.
À tout bien considéré, la vaccination demeure définitivement la meilleure façon de s’éviter beaucoup de soucis, mais surtout de contribuer à la santé publique!
Contact-liens
Site MELCCFP : https://www.environnement.gouv.qc.ca/
Site de l’Institut national de santé publique du Québec https://www.inspq.qc.ca/zoonoses/rage
Site de l’Agence canadienne d’inspection des aliments : https://inspection.canada.ca/sante-des-animaux/animaux-terrestres/maladies/declaration-obligatoire/rage/fra/1356138388304/1356152541083
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